#moneytime avec Guillaume Roux-Chabert, Interactive Brokers
Des "pits" aux digital, et pas mal de tips pour les utilisateurs IBKR
Ravi de partager avec vous cette nouvelle série consacrée aux professionnels de la finance - #moneytime. L’idée est d’échanger de manière informelle - et non-salesy comme toujours - avec les personnes qui travaillent dans le vaste monde de la finance personnelle, comprendre l’envers du décor.
Guillaume Roux-Chabert, Head of Sales chez Interactive Brokers, a été mon premier invité, je le remercie de s’être prêté au jeu !
Je reformule notre discussion sous forme de questions-réponses pour plus de dynamisme !
Guillaume, raconte-nous d’où tu viens, qu’est ce que tu as fait avant d’atterrir chez Interactive Brokers?
J’ai toujours voulu travailler en Asie… après mon master à l’école de management de Grenoble, j’ai commencé à travailler dans le trading des métaux précieux chez Usinor [désormais partie de Arcelor-Mittal]. Le problème, c’est que la structure de management était rigide, et il fallait que je fasse au moins 5 ans en France avant d’espérer être mute. J’ai trouvé un autre poste dans une boite de software pour les brokers, et suis allé à Hong Kong avec eux au début des années 2000.
Les premiers softwares pour places de marché
Tu m’as parlé d’une transformation assez extraordinaire, celle des “pits” des places de marchés…
Oui, à l’époque, les salles de marché fonctionnaient comme dans les films, avec des brokers qui passaient des ordres à la criée, tout ça manquait évidemment de transparence, sans parler de l’inefficacité. Les softwares pour lesquels je travaillais ont progressivement digitalisé le passage d’ordres. J’ai vu et contribué indirectement à la fermeture des “pits” à Hong Kong et Singapour, l’avantage compétitif des ordres digitaux par rapport à des ordres téléphoniques c’est de l’ordre de x100, c’est un autre monde.
Le trading floor à Singapour (SGX)
Et tout ça n’est pas si lointain. Ca explique je crois une question posée par un participant autour du nombre de marchés ouverts sur Interactive Brokers.
Aujourd’hui le digital à usage personnel est puissant, rapide, intuitif… mais dans le monde des places de marchés, chacune avait son software, ses process, même maintenant tout est loin d’être interopérable. Tu me demandes pourquoi on ne peut pas trader en Thailande : tu as aussi des régulations très différentes selon les marches avec des contraintes monétaires. Aux Etats-Unis, Interactive Brokers a ce qu’on appelle un “street name” : les actions sont gardées sous le nom du broker qui lui fait des comptes ségrégés pour ses clients, comme toi si tu utilises la plateforme. Dans beaucoup de pays, la plateforme doit déclarer ses clients à la place de marché, c’est fait en partie pour contrôler les positions tenue par certains acteurs du marché. Du coup, on ne peut pas ouvrir ces marchés simplement pour des client particuliers.
Tu es Head of Sales… à qui vends-tu quoi ? Pour beaucoup, Interactive Brokers c’est du self-service. Tu vends en B2B ?
Oui, en Asie on fait environ 50% de comptes individuels, du business avec des retail investors comme toi et moi, et 50% de comptes corporate et Institutionnels tels que les family offices, des hedge funds, qui utilisent la plateforme pour faire leurs opérations de place de marché. A Singapour notamment tu as une structure d’entreprise, les Variable Capital Companies, qui facilitent la mise en place d’une structure de type fonds, tu as des groupes d’amis qui le font par exemple. En général les clients B2B avec qui on travaille ont $25m en gestion, mais tu en as qui commencent à $1m.
Schéma de fonctionnement d’une VCC (SF = sub-funds)
Qui sont les concurrents de Interactive Brokers ? On entend parler de Robinhood partout en ce moment.
Chaque broker a ses spécificités. Robinhood, en moyenne les utilisateurs ont US$2000 sous gestion, c’est vraiment mass… Nous chez Interactive Brokers en moyenne c’est US$250,000. Saxo est un autre acteur, mais ils viennent plutôt du monde du FX. Notre spécialité c’est les places de marches stocks, futures et options, et tu peux accéder à beaucoup d’entre elles, US, Europe, mais aussi en Asie avec Hong Kong, la Chine, le Japon. On devrait ouvrir d’autres accès pays en Asie cette année. L’important quand tu choisis un broker online, c’est que la plateforme technologique soit suffisamment sophistiquée pour faire tout « on-line », pouvoir traiter le plus grand nombre de produits, et avoir des commissions compétitives.
Qu’est ce que les utilisateurs ne connaissent pas assez sur la plateforme, selon toi ?
Deux-trois astuces pour optimiser ce que tu fais:
Stock Yield: tu peux “louer” les actions que tu possèdes sur la plateforme pour ceux qui veulent s’en servir en margin. En gros, tu loues tes actions et Interactive Brokers fait le reste et partage les taux avec toi. Si tu gardes tes actions longtemps, ça ne te coute rien de le faire et tu peux générer des revenues passifs, sans risque (plus d’infos ici).
Friends & Family account: tu peux “gérer” l’argent de certains de tes proches sous certaines conditions (pas plus de 15 sous-comptes, pas plus de US$25m sous gestion totale). C’est pratique si certains veulent te confier un peu d’épargne. La plateforme va simplement opérer un “mirror trading”, tu gardes le controle des comptes mais chacun a une allocation similaire à la tienne (plus d’infos ici).
A Singapour tu as un compte Télégram très actif autour de l’usage sur Interactive Brokers. C’est une communauté indépendante de nous, ça sert à la fois de support et de groupe de discussion (Interactive Brokers Singapore).
A Singapour toujours, regarde le site Investing Note, c’est une autre communauté de fans de trading, ils ont un trading festival avec un prix de quelques milliers de Singapore dollars.
Une question d’un lecteur: si tu as moins de $100k sur Interactive Brokers, est-ce que ça vaut le coup, sachant que tu as un frais mensuel de $10 pour les comptes en dessous de ce montant ?
Il y a effectivement un frais mensuel minimum de $10 par mois si le compte a moins de $100k, mais dès qu’il y a un ou des trades d’effectués, les frais afférents sont défalqués des $10. Par ailleurs ce frais n’est vraiment pas énorme sachant que d’autres plateformes et les banques ont des frais de garde par action, indépendamment du montant investi par l’utilisateur.
Pour finir, quel a été ton meilleur investissement ? Et le pire ?
Les deux ça a été à Hong Kong. Le pire s’appelait BOSA, il y avait peu de volume, sur un petit prix… j’ai perdu 80% sur celle là en 1 jour. La meilleure c’était une marque de bière chinoise, Hainan Brewery. J’avais repéré la boite en allant en Chine, et pas longtemps après avoir pris l’action, ils ont revendu à un plus gros groupe (Heineken), de quoi offrir quelques bières a des amis.
Guillaume, merci !
Pour en savoir plus:
IBKR.SG, le site d’Interactive Brokers
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