Certaines personnes déclenchent une petite alarme dans votre système de veille interne - un coup de coeur, une intelligence subtile, quelque chose de plus que la moyenne…
Quand j’ai rencontré Michael Norris pour la première fois lors d’une mission client en Chine, il avait l’air à la fois du gringalet occidental affamé par les promesses de la Chine, et du nerd capable d’avaler quantités de datas et contenus pour en faire des synthèses claires.
Aujourd’hui, Michael reste consultant pour des marques de grande conso en Chine, mais il s’est aussi spécialisé dans l’analyse des actions chinoises, des plus évidentes aux plus niches, et avec un certain plaisir pour la prédiction de scam qui ne manquent jamais dans l’Empire du milieu.
Je récapitule ici quelques éléments d’intérêts qu’il a partagé lors d’un webinaire sur les actions des entreprises chinoises (pas de replay malheureusement !). As usual, not financial advice and do your own research.
Quelles sources pour identifier des tendances & actions chinoises ?
Trois sources proposées par Michael:
Technode, équivalent de Techcrunch pour la Chine
Caixin Global, équivalent de The Economist pour la Chine
South China Morning Post, équivalent de The Guardian pour “Greater China” (Chine / HK / Taiwan) de très bonne qualité
J’y ajouterai:
La newsletter Asia Tech Review de Jon Russell, journaliste tech dans la région
Un abonnement à Tech in Asia, plus orienté Asie du Sud-Est, mais la Chine en tech y joue bien sûr un rôle croissant
La newsletter de Lillian Li qui est devenu numéro 1 sur la Chine (approche VC)
Si la Chine vous intéresse, je vous invite sérieusement à considérer les abonnements payants de l’ensemble des ces comptes. L’info de qualité se paie, et comme on dit, “if you pay peanuts, you’ll get monkeys”.
Quels signaux doivent nous alerter quand on regarde une action chinoise ?
Michael en signale plusieurs, lui qui a prédit avec succès la chute de Luckin Coffee (comptabilité hasardeuse qui a valu à ce copycat de Starbucks d’être radié du Nasdaq) et le retour de bâton du gouvernement chinois sur ses géants technologiques. La Chine n’est pas un marché transparent, il faut donc plus d’infos en amont avant de prendre sa décision d’investissement. Les red flags à éviter:
Les transactions suspectes dans les comptes (oui, ça demande de creuser en profondeur les rapports trimestriels et annuels)
Le type de business : en particulier les pure players du digital rapportent souvent des data invérifiables et qualifées de “vanity metrics” (des utilisateurs à la pelle, certes, mais des revenus ? du profit ?). A noter que ce red flag vaut pour l’ensemble des digital stocks, pas seulement en Chine. Mais en Chine plus particulièrement, un business digital qui montre des chiffres stratosphériques qu’on ne peut pas trianguler sur des rebonds médias ou Twitter/Baidu, c’est un red flag.
J’en rajouterai d’autres, ayant investi dans plusieurs stocks en Chine (via les marchés à Hong Kong ou Nasdaq):
La position du gouvernement US sur le secteur, voire sur l’entreprise elle-même. J’ai acheté puis vendu Xiaomi, souvent qualifié de Apple chinois (smartphones, objets connectés) en raison de leur mention sur une blacklist du gouvernement US.
La position du gouvernement Chinois sur le secteur, voir sur l’entreprise elle-même. J’avais également constitué un petit trésor de guerre pour acheter le jour J l’entrée en Bourse de Ant Financial, le bras armé fintech & paiement d’Alibaba, au final, le gouvernement a ordonné à tout ce beau monde d’arrêter illico, sabrant au passage ce qui allait être l’IPO de la décennie.
Quelles verticales sont intéressantes en Chine aujourd’hui?
La “tech à la papa” de Alibaba et Tencent a déjà fourni de beaux retours, et ces mastodontes ne pourront pas donner autant de multiples que les jeunes loups de l’économie chinoise. Les secteurs d’intérêts selon Michael:
Les entreprises non-chinoises, non-cotées en Chine qui répliquent une innovation chinoise, comme le Suédois Bambuser qui reprend la vague du live-streaming pour la vendre à des marques européennes. On pourrait mentionner les futurs cotés d’Asie du Sud-Est Grab et Gojek qui répliquent le succès des superapps chinoises.
Les secteurs liés à la vieillesse comme l’assurance ou le médical, notamment dans des entreprises qui s’intéressent aux villes de 3e et 4e ordre (Hohhot, Zhuhai, Foshan, Urumqi…), il n’a pas du vous échapper que le dernier recensement chinois laissait entrevoir un changement démographique drastique (et déjà près de 40 ans d’âge moyen !). Une entreprise comme Hygeai Healthcare propose par exemple un réseau de cliniques spécialisées dans le traitement des cancers en dehors des mégalopoles que l’on connait tous.
Il y en a beaucoup d’autres à explorer au-delà des usual suspects, d’où l’importance de s’abreuver des tendances macro et sectorielles proposées par les sources un peu plus haut.
Tous ces indices devraient vous permettre de mieux scanner les stocks chinois, évidemment excitants au vu de la croissance de l’économie de la Chine et plus généralement de l’Asie.
Vous pouvez trouver mes choix dans la version payante sur abonnement.
Bonne chasse.